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Bouddhisme au féminin - Partageons nos aspirations, nos questionnements, nos compréhensions




Vos Contributions et Témoignages

 

 

 

 

Où sont les femmes ? - Les expertes sous représentées dans les médias

Ne pas sombrer dans un féminisme primaire. Eviter le kit lexical « société injuste et machiste ». Transcender le chiffre choc « 80 % des experts utilisés par les médias français sont des hommes, 20 % des femmes », brandi par la Commission sur l'image des femmes dans les médias dans un tout récent rapport. Chercher simplement dans les soixante pages pourquoi, comme le dit sa vaillante présidente Michèle Reiser, « la légitimité du savoir est masculine » en France. Et trouver.

Par exemple, les médias expliquent être victimes de « la résistance au réel » : les postes à responsabilité, en France, sont majoritairement occupés par des hommes blancs de plus 50 ans. Les plateaux de télé et les colonnes des magazines ne font que reproduire « le caractère profondément inégalitaire de la réalité sociale ». Imparable. Autre argument, « l'urgence ». Les médias travaillent vite, veulent être « sûrs » de leur expert. Or, se plaignent-ils, nos amies les femmes, frappées du «syndrome d'usurpation », « manquent de confiance en elles », ne s'expriment que si elles « connaissent parfaitement le sujet traité » (ce qui pose manifestement problème), « demandent l'avis de leur hiérarchie » avant de venir... A France Inter, on précise que les femmes sont « moins disponibles que les hommes aux heures matinales [...] accaparées par le soin des enfants ». La ménopause en revanche ne semble pas problématique. Enfin, la recherche de « nouveaux visages » profite surtout aux jeunes. On ne peut pas à la fois rajeunir les plateaux et les féminiser. C'est sûr.

Face à ces freins (forcément objectifs), les médias (terriblement embêtés mais farouchement progressistes) proposent, entre autres, la constitution d'un «vivier d'expertes ». TV5 Monde et France Télévisions évoquent même l'idée d'un «fichier national ». Type « fichier national canin » avec tatouage et immatriculation ? Ils comptent aussi sur les petits médias « rabatteurs » - LCI pour TF1, Le Mouv' pour Radio France - pour jouer les « labos », tester et roder les expertes débutantes. Un peu sans doute comme on éduque un enfant à la propreté avant l'école. L'année dernière, les médias avaient promis à la commission de faire des efforts. Les chiffres n'ont pas bougé. Sûr que l'année prochaine sera meilleure. Ne pas sombrer dans un féminisme primaire, donc. EMMANUELLE ANIZON chef du service médias à Télérama (Télérama - 14 décembre 2011)

 

 

Ma voix pour la liberté

On est bouleversé dès les premières pages du livre. Ani Choying Drolma plante le décor :

Elle a travaillé à la maison depuis l'âge de cinq ans, elle a été une petite fille battue sauvagement par son père. Il a d'abord frappé la mère, puis, rapidement, la fille aussi. Elle reçoit des "raclées" avec une violence qui terrifie: "Il va me tuer, il va me crever un oeil... Il me frappe à coups de baton sur le dos, les jambes, la tête... Quasiment tous les jours, mon père trouve une bonne raison pour me frapper... Sans craindre de me blesser, il cogne. Il est mon père et a le droit de me frapper. Il a tout pouvoir sur moi.." Ce père tape sur sa fille comme un forcené, frappe sa femme au point de risquer de la tuer.

Ce texte bouleversant nous renvoie à la situation de millions de femmes battues de par le monde. Et les paramètres qui vont avec : mariage forcé avec un homme non choisi, pas de contraception, une mortalité infantile effrayante. Travail domestique et aux champs du matin au soir, comme une bête de somme, sans jamais être payé bien sûr et par conséquent sans pouvoir quitter celui qui la bat et bat les enfants, car où aller, qui la nourrirait elle et ses enfants ? Aucun recours à espérer des voisins, de la police ou d'une quelconque association.
Une situation tragiquement courante dans le monde. et qui justifierait le désir des femmes de renaitre homme s'il n'y avait pas d'alternative à cet enfer.
Et il existe une alternative, l'évolution des mentalités patriarcales, l'évolution de la condition et des droits des femmes, comme cela s'est produit en Occident. (Même s'il y a aussi malheureusement des femmes battues en Occident, il y a dans la société en général une évolution des mentalités vis-à-vis de cette question).

Et le père est supposé être bouddhiste ! Ce qui est intéressant, c'est de savoir qu'il a lui-même été battu enfant. Cela démontre la vérité de ce qu'Alice Miller a écrit : toutes les victimes n'ont pas été bourreaux, mais tous les bourreaux ont été victimes. Ani Choying Drolma dira elle-même combien elle s'endurcissait sous les coups et les mauvais traitements.

Et que dit sa mère à cette fille révoltée : " karma ! ". On accepte l'inacceptable par ce mot magique qui excuserait tout : karma ! Peut-être que ça l'a aidé à supporter l'insupportable, mais certainement, ça ne peut qu'encourager la passivité, ne rien faire puisque c'est le karma !

C'est sans doute au nom de cette vision du "karma" que cette violence domestique n'est pas dénoncée par les moines. On est surpris du silence de Matthieu Ricard sur ce sujet dans sa brève introduction. Il y a comme ça des silences assourdissants !

Un jour que sa mère est une fois de plus toute marquée de coups, Ani Choying Drolma lui dit avec emportement : " Pourquoi t'es-tu mariée ? il n'y a rien de pire dans la vie. Je ne veux pas être obligée de vivre comme toi, je ne veux pas devenir l'esclave d'un homme qui se moque totalement de mes désirs, de ses sentiments, qui me traite comme sa chose et me bats comme un animal."
Alors sa mère lui conseille : va voir un maitre bouddhiste et dis-lui que tu veux devenir nonne. Elle va y aller, toute seule et affirmer du haut de ses dix ans : je veux devenir nonne. Le maitre répondra à son désir avec bonté et compréhension. Et le jour où il l'enverra chercher pour qu'elle réside désormais à la nonnerie, elle sera sauvée, elle aura échappé à ce terrifiant sort trop commun. Ce maitre montrera à son égard une bonté qui va la transformer. La femme du maitre remarque sa voix lors des rituels et lui fait travailler ce talent, c'est ainsi qu'elle commence à chanter. Mais la haine pour l'homme qui continue à terroriser sa mère lui ronge le coeur. Il lui faudra des années pour transformer sa colère et sa haine.

Alors sa voix sera mise au service de la liberté des nonnes d'apprendre car dit-elle : "Les rôles se sont répartis ainsi. Aux hommes l'instruction, aux femmes le ménage... Car les moines, eux, en revanche, sont des puits de science. Enfant, je les admirais tellement ! Ils lisent toute la journée, détiennent un savoir encyclopédique et, de fait, sont très respectés. Rien de tout cela avec les nonnes, maintenues dans une ignorance crasse. Pourtant, la plupart d'entre elles ne demanderaient que cela, apprendre. Très tôt, j'ai eu l'envie de lutter contre cette injustice et d'offrir aux nonnes un lieu pour elles, pour qu'elles apprennent et appréhendent le monde avec les meilleurs outils en main."

Elle fait montre d'une énergie inépuisable, d'une force au service des autres qui soulève les montagnes. Et aussi, par sa pratique, petit à petit, elle va s'apaiser et trouver dans la bonté "une satisfaction inégalée."
Un livre émouvant, Danielle

(Ce témoignage de Ani Choying Drolma concernant la violence n'est pas un cas d'exception dans la société tibétaine, des jeunes filles viennent chercher refuge dans une nonnerie pour ne pas connaitre le sort de leur mère. Voir à ce propos les extraits du film "Shadows of Buddha" présenté à la rubrique critique de films. )

 

La grande marche des dinosaures - docu-fiction animalier

 

Ci-dessous des extraits d'un remarquable documentaire sur les dinosaures. Au départ, des fossiles patiemment rassemblés, des recherches approfondies, un peu d'imagination et une réalisation en 3D qui fait revivre de façon fascinante l'épopée de dinosaures qui migrent du pole nord vers des territoires plus cléments pour éviter l'hiver polaire.

Pour donner vie à cette épopée, le récit met en scène un "héros" Oscar, un jeune mâle "edmontosaure", qui va survivre aux prédateurs. Les prédateurs les plus courants sont des "troïdons" dont l'un se prénomme Patch, lui aussi mâle. Notre jeune héros Oscar est protégé par les adultes (on ne parle jamais des femelles) d'un prédateur terrifiant le "gorgosaure" qui fait ressembler ce documentaire à un film d'horreur qu'il vaut mieux ne pas montrer aux enfants. Donc notre jeune "héros" Oscar affronte divers dangers, une tempête, des éruptions volcaniques, des prédateurs divers, il perd son groupe, mais heureusement, il retrouve un vieux mâle adulte pour le protéger.

Pendant ce temps, Patch, le troïdon, voudrait s'accoupler, mais il doit d'abord devenir un chasseur hors pair. Les femelles qui doivent aussi devenir des "chasseresses hors pair" faute de mourir de faim n'intéresse pas le réalisateur.

Finalement, Oscar va retrouver les siens, il a "prouvé" qu'il était un "battant", et il est accueilli avec force démonstrations par des adultes qui pourraient être des femelles, mais ce n'est pas dit.

Bien évidemment, si seuls les petits mâles "battants" survivaient à cette marche, l'espèce n'aurait pas duré très longtemps, mais cela n'est pas précisé, puisque l'essentiel du message est : ouah, vous avez vu le ptit gars, qu'est-ce qu'il a été courageux !

Dans ce documentaire, le français n'étant pas neutre - contrairement à l'anglais où les substantifs n'ont pas de genre, quand aucun sexe n'est précisé -, tous les animaux sont par défaut conjugués au masculin. Et quand un sexe est précisé, ce sont toujours des mâles. La voix off est masculine. En une heure et demie, les seules références aux femelles seront, en quelques images, une jeune femelle edmontosaure, sans nom, qui se fait dévorer parce qu'elle a succombé à la tentation de manger (mais pas Oscar !), le commentaire en voix off : "elle n'avait pas une chance" et une femelle troïdon, également sans nom, qui s'est s'accouplé avec un autre que Patch.

En quoi ce documentaire nous concerne-t-il ? Il illustre de façon exemplaire à quel point l'histoire est racontée de façon unisexe, à quel point les petites filles et les femmes reçoivent sans arrêt le message que ce qui arrive à la population femelle de la planète n'intéresse "personne" (c'est-à-dire ceux qui racontent, les hommes !). Qu'à l'évidence, les femelles se débrouillaient tout aussi bien pour chasser ou pour survivre ne ressort absolument de ce documentaire. Nous sommes en plein dans une projection masculine inconsciente de bout en bout. J'exagère ? je vous laisse juge : regardez ces extraits. Monique

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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